Tout d’abord, il faut se méfier de toutes les analyses ou théories énoncées sur l’Etat. En effet, « la théorie de l’Etat sert à justifier les privilèges sociaux, à justifier l’exploitation, l’existence du capitalisme ; ce serait donc une erreur d’espérer qu’on fit preuve d’impartialité sur ce sujet. » [1] Nous voici donc prévenu face à certains de nos contradicteurs. Certains étudient l’Etat en y associant un caractère divins, sacré. En tant que marxistes convaincus, nous devons nous débarrasser de ces préjugés et idées non scientifiques pour étudier l’Etat de façon matérialiste de sa naissance, comment il est apparu, son développement, et ce qu’il est devenu aujourd’hui.
Commençons par donner une définition de ce qu’est l’Etat. L’Etat est l’appareil destiné à maintenir la domination d’une classe sur d’autres et à réprimer ces dernières si elles venaient à se révolter contre la classe dominante. Pour Staline par exemple, « L'Etat est, aux mains de la classe dominante, une machine destinée à écraser la résistance de ses adversaires de classe. » [2].
Mais il nous faut aussi constater que l’Etat n’a pas existé de tout temps. « Il fut un temps où il n’y avait pas d’Etat. Il apparaît là et au moment où se manifeste la division de la société en classe, quand apparaissent exploiteurs et exploités. » [3]. En effet, avant la première division de la société en classe, et donc avant la première apparition de l’Etat, on remarque que l’Etat n’existait pas. C’était au temps du clan qui était le théâtre de ce que les marxistes appellent le « communisme primitif », basé sur l’autorité, le respect des anciens (les femmes pouvaient d’ailleurs avoir le pouvoir) et il n’y avait pas de classe, donc pas d’état, « pas d’appareil spécial pour user systématiquement de violence et contraindre les hommes à s’y soumettre. » [4]. En fait grâce, à l’appareil de l’Etat, la classe dominante, même si elle ne représente qu’une minorité infime de la société, peut se réapproprier le travail de la plus grande majorité et écraser les autres classes, ceux qui contestent cette division de la société.
Au cours de l’histoire, la société a connu plusieurs formes d’Etats exploiteurs : la société primitive, théâtre de communisme primitif, ne pouvait pas connaître d’Etat car tous les hommes étaient contraints à travailler pour assurer leur survie misérable. En effet, la division de la société en classe n’est apparue que lorsqu’il y a eu excédent, c'est-à-dire au moment où l’homme pouvait s’assurer une existence misérable. Là, une classe s’est accaparée du surplus du travail des autres (le surplus étant dû notamment à l’évolution de la Technique) et à partir de ce moment est apparu l’Etat pour pouvoir maintenir cette division de classe, avec l’utilisation si besoin est, de la force.
En gros, le premier Etat fut l’Etat esclavagiste basé sur la domination des propriétaires d’esclaves sur les esclaves. L’esclave appartient en tant que tel au maître, c'est-à-dire que ce dernier a droit de vie ou de mort sur son esclave. Toute l’Europe civilisée moderne passa par cette période (Rome et Grèce ancienne).
Puis à cette forme d’exploitation succéda la société de servage dont l’avènement intervient autour de l’an Mil. Elle repose sur la domination du seigneur face au serf.. Le seigneur s’approprie les fruits du travail du serf et celui-ci doit s’acquitter de redevances et les terres qu’il travaille appartiennent au seigneur. Ceci dit, le serf n’appartient pas au seigneur comme l’esclave appartenait au maître.
Après, « par la suite, à mesure que le commerce se développait et qu’un marché mondial se constituait, à mesure que s’étendait la circulation monétaire, une nouvelle classe, celle des capitalistes, apparut dans la société féodale. Les marchandises, l’échange des marchandises, le pouvoir de l’argent engendra le pouvoir du capital. » [5]. On aboutit donc à nos sociétés actuelles dites capitalistes, basé sur l’exploitation des travailleurs, des prolétaires, par le bourgeois, c'est-à-dire le propriétaire des moyens de production. Mais contrairement à la société féodale où le serf n’avait aucun droit, le capitalisme accorde des droits à tous les citoyens : « la refonte de la société rendit tous les citoyens égaux en principe (…) établit l’égalité de tous devant la loi indépendamment du capital possédé. » [6]. En fait nos sociétés contemporaines affirment le principe de l’égalité de tous devant le loi mais elle protège en fait la propriété de ceux qui en ont face à ceux qui n’ont que leur force de travail pour vivre et qui sont dans la misère quotidienne. Dans nos société contemporaine, l’Etat n’est ni plus ni moins qu’une « machine destinée à maintenir la domination d’une classe sur une autre. » [7]
Mais pourtant, entend-on souvent, le suffrage universel existe, et ne pourrait-on pas changer les choses par les élections ? Non ça n’est pas possible car on ne peut changer le rapport économique sans révolution violente, l’histoire l’a toujours démontré. « Le suffrage universel, l’assemblée constituante, le parlement, ne sont que la forme, une sorte de lettre de change, qui ne changent rien au fond. » [8]. De plus, comme dans toute forme de société, le pouvoir appartient à ceux qui possèdent la propriété, le capital, ceux qui ont les moyens de corrompre. « La force du capital est tout, la bourse est tout, les élections ne sont que des marionnettes, des fantoches. » [9]
Le rôle des communistes face à l’actuelle société capitaliste consiste à briser le joug du capital en détruisant l’Etat capitaliste et en instaurant la dictature du prolétariat qui consistera à la collectivisation des moyens de productions (propriété collective pour les travailleurs), à l’anéantissement et à la disparition des résidus de la classe bourgeoise. Cette période est communément appelée socialisme (à chacun selon son travail). Seulement lorsque les derniers résidus de la bourgeoisie auront disparu, alors l’Etat disparaîtra à son tour car il n’y aura plus d’exploitation d’une classe sur une autre, donc plus besoin d’un appareil de coercition pour maintenir la domination d’un groupe sur un autre. Cette période où l’Etat n’existe plus, c’est le communisme, c'est-à-dire à chacun selon ses besoins.
Voila grossièrement en quoi consiste l’Etat.
Notes :
[1] : De l’Etat, Lénine, écrit en 1919, Edition du Peuple, Pékin, 1964. A télécharger ici :
http://communisme-bolchevisme.net/download/Lenine_De_l_Etat.pdf
[2] : Les questions du Léninisme, Staline, Edition électronique réalisée par Vincent Gouysse à partir de l’ouvrage publié en 1931 aux Editions sociales internationales.
[3] : De l’Etat, Lénine, écrit en 1919, Edition du Peuple, Pékin, 1964.
[4] : idem
[5] : idem
[6] : idem
[7] : idem
[8] : idem
[9] : idem