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29 juin 2018 5 29 /06 /juin /2018 16:29
Affiche sur Octobre 1917

Affiche sur Octobre 1917

 

Les débuts de la dictature du prolétariat

 

Si la prise de pouvoir avait pu paraître « aisée » bien plus difficile fut l’exercice du pouvoir et ce dès le début. Il fallut tout d’abord se battre pour étendre le jeune pouvoir révolutionnaire. Si Petrograd était tombé en un jour, Moscou devient le théâtre d’affrontements sanglants (les bolchéviks durent un temps se replier dans les faubourgs ouvriers), nécessitant l’envoi de renforts. Les vestiges du gouvernement provisoire n’étaient pas les seuls adversaires. Les socialistes révolutionnaires de droite qui avaient quittés le congrès des Soviet face au « coup de force » bolchévik appellent à la résistance contre les « usurpateurs » et constituent un Comité de Salut de la patrie.

Ils arrivent à armer des élèves-officiers à Pétrograd qui parviennent un temps à faire vaciller le nouveau pouvoir (le 29 Octobre ils tentent de s’emparer du Smolny). Il faut l’intervention des marins de Cronstadt pour rétablir la situation. Kérenski qui s’était enfui avant la prise du palais d’hiver avait tenté de revenir en force en rameutant des unités cosaques vers la capitale. Le général Krasnov est défait le 30 Octobre aux portes de la ville mais la situation reste précaire dans le reste du pays.

Sur d’autres fronts les bolchéviks sont mis en difficulté par les opérations de sabotage menées par les menchéviks. Dès le premier jour du gouvernement une grève paralyse les ministères. Aucun fonctionnaire ne veut travailler pour le nouveau pouvoir. Les cheminots du puissant syndicat « Vikjel » menacent de faire grève et donc de bloquer l’envoi de troupes pour Moscou. Ils réclament la fin de la « guerre fratricide » entre les différents partis et la constitution d’un gouvernement « démocratique » représentant toutes les tendances. Cela aurait revenu à remettre sur pied le gouvernement Kérenski sans Kérenski ! Face à cet ultimatum une partie du comité central cède face aux manigances de Kamenev (alors président du comité exécutif du Soviet) qui tente de revenir sur les effets de la révolution d’Octobre et d’écarter Lénine. Il est finalement battu et contraint à céder son poste à Sverdlov. Les commissaires Rykov (intérieur), Milioutine (agriculture), Noguine (commerce et industrie) et Zinoviev se démettent de leurs fonctions. C’est la plus grave crise interne qu’est connue le parti bolchévik.

Face à cette situation d’urgence des mesures radicales furent prises :

-interdiction de la plupart des journaux qui accablaient le gouvernement d’injures et de sarcasmes.

-sanctions sévères à l’encontre des grévistes « bourgeois » dans les ministères et les administrations.

-le 7 décembre création de la Tcheka.

-le 5 janvier 1918 dissolution de l’Assemblée constituante à majorité anti-bolchévik.

-interdiction progressive de tous les autres partis au cours de l’année 1918.

 

Sans rentrer trop dans les détails, ce qui se produit pour les bolchéviks dans ses premiers mois c’est l’apprentissage douloureux et parfois sanglant de l’exercice du pouvoir. C’est aussi la fin de certaines utopies. En effet la révolution d’Octobre avait engendré de grandes espérances. Elle était annonciatrice de l’émancipation de l’humanité toute entière, le début d’une révolution mondiale qui abolirait les frontières, les Etats, les rapports mercantiles et tout appareil coercitif. Après 4 années d’une boucherie sans nom et de souffrances inimaginables l’avenir s’annonçait radieux. Que la réalité apparu bien médiocre et détestable pour de nombreux bolchéviks, y compris de la première heure. Le grand paradoxe c’est que ce sont les partisans de « l’extinction de l’Etat » qui durent s’employer pour au contraire renforcer l’Etat et même en bâtir un nouveau.

 

Chronologie :

 

23 février : les ouvrières de Vyborg entrent en grève et viennent défiler à Pétrograd. Elles sont rejointes par des centaines de milliers d’ouvriers dans les jours qui suivent.

26 février : Nicolas II ordonne aux soldats de tirer dans la foule, 40 morts. Dans la nuit la garnison de Petrograd se mutine et rejoint les insurgés.

27 février : La manifestation se dirige vers le palais de Tauride, où siège la Douma, et forme le soviet de Petrograd.

1er mars : ordre numéro 1 du soviet de Petrograd qui invite les soldats à élire les comités et met l’armée sous le contrôle des soviets.

2 mars : Abdication du tsar Nicolas II. Premier gouvernement provisoire, présidé par le prince Lvov et approuvé par la « double pouvoir » de la Douma et du soviet.

6 mars : Le gouvernement provisoire s’engage à respecter les accords contractés avec les Alliés et à mener la guerre jusqu’à la victoire.

11 mars : Reconnaissance du gouvernement provisoire par les Alliés.

14 mars : Appel du Soviet aux peuples du monde entier en faveur d’une paix sans annexions ni contributions.

3 avril : retour en Russie de Lénine.

18 avril : Note de Milioukov aux Alliés réaffirmant les engagements de la Russie

20-21 avril : manifestation d’ouvriers et de soldats contre la politique extérieure du gouvernement

5 mai : Formation du deuxième gouvernement provisoire (Kérenski)

3 juin : Ier Congrès panrusse des soviets

18 juin : Début d’une offensive russe qui se termine en désastre.

3-4 juillet : Violente manifestation populaire contre le gouvernement provisoire et le soviet de Petrograd. Le mouvement est réprimé.

27 août : Echec du putsch du général Kornilov grâce à l’action des militants bolchéviques.

9 septembre : Trotski devient président du soviet de Petrograd.

10 octobre : le comité central du parti bolchévique vote l’insurrection

Nuit du 24-25 octobre : Révolution d’Octobre. Prise du Palais d’Hiver. Ouverture du IIe Congrès panrusse des soviets.

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28 juin 2018 4 28 /06 /juin /2018 14:49
Histoire de la révolution russe (2è partie)

Ce texte est issu des journées de formation. Il a été réalisé par des camarades marxistes-léninistes de Pau. 

 

Préparation de la révolution et prise du pouvoir par les bolchéviks

 

Si la révolution est impossible sans situation révolutionnaire, toute situation révolutionnaire ne produit pas mécaniquement une révolution. Tous les éléments objectifs peuvent être rassemblés de façon favorable mais la révolution peut ne pas se déclencher. Il faut pour cela, par-dessus les changements objectifs, un changement subjectif :

 

« La révolution ne surgit pas de toute situation révolutionnaire, mais seulement dans le cas où, à tous les changements objectifs énumérés, vient s’ajouter un changement subjectif, à savoir : la capacité, en ce qui concerne la classe révolutionnaire, de mener des actions de masse assez vigoureuses pour briser complètement l’ancien gouvernement, qui ne tombera jamais, même à l’époque des crises, si on ne le fait choir. » (Lénine, La Faillite de la Seconde Internationale).

 

Dire qu'une telle situation est indépendante de la volonté des partis (voir point 1) ne signifie pas que l'activité des partis n'a aucune influence sur la transition vers une période révolutionnaire.

Une situation révolutionnaire ne tombe pas du ciel, elle se forme dans la lutte des classes. Le parti du prolétariat est le plus important facteur politique quant à la formation d'une situation révolutionnaire. Sans l’action d’un parti révolutionnaire trempé dans la lutte et ayant une vision claire des évènements il ne peut avoir de révolution. Car c’est le rôle du parti que de gagner à lui, non seulement l’avant-garde du prolétariat, mais aussi les masses (ou du moins faire en sorte qu’elles ne soutiennent plus l’ordre ancien) à l’idée révolutionnaire et au socialisme. Or la conscience socialiste n’est pas quelque chose qui apparaît spontanément au sein de la classe ouvrière, bien au contraire.

 

En effet, selon la célèbre expression de Kautsky « la conscience socialiste est un élément importé du dehors dans la lutte de classe du prolétariat et non quelque chose qui en surgit spontanément ». Kautsky défend, en effet, la thèse que le socialisme est une science, que la classe ouvrière ne possède pas d’elle-même. La théorie socialiste doit donc être importée de l’extérieur, ce qui était la tâche des intellectuels socialistes (pas isolément mais dans le cadre du parti).  Pour Lénine, le parti communiste est une organisation d’avant-garde possédant une analyse scientifique de l’évolution du système capitaliste et de la manière de transformer la lutte de classe en une lutte politique pour le pouvoir et dont le noyau dur sait « comment s’y prendre et ce qu’il faut pour cela » (Que Faire ? 1902). Le développement de la conscience politique de la classe ouvrière ne dépend pas seulement du déroulement des grèves ou de l’attitude des ouvriers envers le gouvernement, mais aussi - et surtout - de la propagande et de l’agitation dans toutes les couches du peuple.

 

Cependant pour parvenir à ce que l’ensemble du prolétariat soit convaincu et prêt à l’insurrection les seules méthodes de propagande et d’agitation, la seule répétition des vérités du communisme « pur » ne suffisent plus.

 

Or, pour que vraiment la classe tout entière, pour que vraiment les grandes masses de travailleurs et d'opprimés du Capital en arrivent à une telle position, la propagande seule, l'agitation seule ne suffisent pas. Pour cela, il faut que ces masses fassent leur propre expérience politique. Telle est la loi fondamentale de toutes les grandes révolutions

Lénine, La maladie infantile du communisme

 

 Le degré de maturité de la classe révolutionnaire et du choix du moment décisif pour engager la bataille se mesure à l’aune de trois critères :

 

1 que toutes les forces de classe qui nous sont hostiles soient suffisamment en difficulté, se soient suffisamment entre-déchirées, soient suffisamment affaiblies par une lutte au-dessus de leurs moyens

 

2 que tous les éléments intermédiaires, hésitants, chancelants, inconstants - la petite bourgeoisie, la démocratie petite-bourgeoise par opposition à la bourgeoisie - se soient suffisamment démasqués aux yeux du peuple, suffisamment déshonorés par leur faillite pratique

 

3 qu'au sein du prolétariat un puissant mouvement d'opinion se fasse jour en faveur de l'action la plus décisive, la plus résolument hardie et révolutionnaire contre la bourgeoisie.

 

C'est alors que la révolution est mûre ; c'est alors que, si nous avons bien tenu compte de toutes les conditions indiquées, sommairement esquissées plus haut, et si nous avons bien choisi le moment, notre victoire est assurée.

 

Comment le parti bolchévik a-t-il entrainé l’ensemble de la classe ouvrière vers la victoire ? Quels ont été les moyens utilisés ?

 

Lorsque éclate la révolution de Février le parti bolchévik compte à peine 40 à 45 000 membres (10 à 15 000 dans la capitale). Le parti a beaucoup souffert de la contre-révolution et du reflux du mouvement révolutionnaire entre 1907 et 1912. De plus c’est un parti décapité en son sommet : Lénine et Zinoviev sont isolés en Suisse pendant toute la guerre (et quasiment laissés sans informations de la situation du parti), les dirigeants du parti pour la Russie sont quant à eux pour la plupart déportés en Sibérie (Staline, Sverdlov, Kamenev). Dans l’ensemble le comité central du parti bolchévik désigné à la conférence de Prague en 1912 est décimé du fait de la présence en son sein d’un agent double de l’Okhrana (la police secrète du Tsar). Cependant, en dépit de ses difficultés, le parti bolchévik conserve de solides appuis au sein du prolétariat industriel des grandes villes (Petrograd, Moscou) et dans certaines régions de province (Oural). Ces militants sont expérimentés, endurcis par des années de lutte et jouissent toujours d’une grande réputation auprès des ouvriers.

La fin du tsarisme et la possibilité pour la première fois de sortir de l’illégalité va donner un coup de fouet à l’activité de propagande et d’agitation. L’audience des publications bolchéviques ne va pas cesser de croître, de même que les effectifs :  80 000 dès le mois d’Avril, 240 000 en Juillet, 500 000 en Octobre. Car tout parti révolutionnaire se doit de maîtriser toutes les formes de la lutte, être en capacité de passer de l’action légale à l’illégalité et inversement. Car dans un premier temps l’insurrection n’était pas à l’ordre du jour. Il fallait réaliser auprès des masses un travail patient d’éclaircissement et de recrutement, conquérir la majorité des soviets, modifier leur politique. En effet au début de la révolution la majorité des masses soutenait le gouvernement provisoire et le Soviet de Pétrograd à majorité menchévik et socialiste-révolutionnaire. Pour quelles raisons ?

Pour la première fois de son histoire, des millions d’hommes non-initiés à la politique se sont éveillés à la politique (en témoigne la floraison de journaux, associations, clubs, cercles….). C’était pour la plupart des petits paysans, des ouvriers récemment arrivés de leur campagne (venu remplacer les 40% d’ouvriers incorporés aux armés), pétris d’une mentalité petite-bourgeoise. Une vague petite-bourgeoise avait tout submergé, écrasé par le nombre et l’idéologie le prolétariat conscient mais aussi contaminé de nombreux ouvriers. C’est pourquoi les masses populaires se trouvèrent au début de la révolution sous la coupe des partis conciliateurs. Voilà pourquoi elles concédèrent le pouvoir au gouvernement bourgeois.

Cependant Lénine avait bien compris que cette « lune de miel » ne durerait pas, que le gouvernement provisoire, pétris de contradiction, et menant fondamentalement une politique en faveur de la classe bourgeoise, ne tarderait pas rapidement à dévoiler sa vraie nature. Quant aux partis modérés ils s’enfonceraient irrémédiablement dans la collaboration de classe et sombreraient avec le gouvernement. Il fallait donc que le parti se mette à la tête des masses qui perdraient leur confiance dans les menchéviks, les socialistes-révolutionnaires et la bourgeoisie libérale.

 

Lénine fait triompher sa stratégie (pas de soutien au gouvernement provisoire, militer pour le transfert du pouvoir aux soviets, révision du programme du parti) face à l’aile droite du parti qui considère que la révolution socialiste n’est pas à l’ordre du jour (Kamenev, Zinoviev) et à l’aile gauche qui veut lancer l’insurrection sans attendre (le comité de Petrograd et les têtes brûlés comme Bagdatiev). Les résultats ne se font pas attendre :

- Le 20-21 avril 100 000 personnes à Pétrograd, indignées de la note Milioukov, descendent dans la rue pour manifester. Déjà les mots d’ordre des bolchéviks sont repris : « A bas la guerre », « Tout le pouvoir aux Soviets ».

-Lors de la conférence nationale du Parti en Avril deux dispositions importantes furent adoptées. Le Parti se prononçait pour la nationalisation des terres et confiscation des grands domaines et leur remise à disposition des comités paysans. Les bolchéviks se présentaient ainsi comme les seuls qui pouvaient donner satisfaction aux revendications des masses paysannes. De plus la conférence se prononça pour le soutien aux mouvements de libération nationale des peuples opprimés (droit des nations à disposer d’elles-mêmes). Cela lui value la sympathie et le soutien des nationalités opprimées.

- Lors de la manifestation du 18 juin pour exposer les revendications des masses au congrès des Soviets les bolchéviks dominent la manifestation et mettent les conciliateurs en minorité, preuve du progrès de l’esprit révolutionnaire des masses.

-Intensification de la propagande dans les armées (il existe même un journal bolchévik du front, « La vérité des tranchées »). Pour le parti la guerre en cours est toujours une guerre impérialiste. La conquête des soldats à la cause révolutionnaire s’avère essentielle. Le manque de soutien de l’armée avait été une des causes principales de la défaite de la révolution de 1905. La garnison de Petrograd (160 000 hommes) et la flotte de la Baltique sont particulièrement touchées par les idées léninistes. Les idées bolchéviques commencent aussi à pénétrer massivement les soldats au front, désespérés par une guerre qui semble sans fin, inquiets quant à la tournure de la révolution (rétablissement de la discipline militaire, officiers qui s’organisent pour la contre-révolution…etc).

Le lancement de la dernière offensive de l’armée russe sous l’impulsion de Kérenski en juin 1917 marque le chant du cygne du gouvernement provisoire et le ralliement de plus en plus massif de l’armée aux idées bolchéviques (ou du moins à l’idée que ce font les soldats du bolchévisme).

-l’échec de l’offensive Kérenski (à partir du début du mois de Juillet) met en ébullition les casernes et les usines de Petrograd. Le 1er régiment de mitrailleurs, totalement bolchévisé, décide de son propre chef de renverser le gouvernement provisoire. Il envoie des délégués à d’autres régiments bolchéviks et demandent de l’appui auprès des ouvriers. Les marins de Cronstadt répondirent aussi à l’appel. Les membres du comité central (Staline, Sverdlov) et les dirigeants de l’organisation de Petrograd tentent d’arrêter le mouvement mais rien n’y fait. Mis devant le fait accompli le Parti décide de se mettre à la tête du mouvement et de remplacer l’insurrection par une simple manifestation le 3 juillet en faveur du passage du pouvoir au Soviet. Ce mouvement suscite d’emblée une forte réaction de la part de Kérenski, il croit avoir trouvé le casus belli idéal pour se débarrasser des bolchéviks : répression, envoi de troupes fidèles à Petrograd, interdiction de la Pravda, rétablissement des châtiments dans l’armée (peine de mort), mandat d’arrêt contre Lénine le 7 juillet (il est exfiltré vers la Finlande par Staline), arrestation de Kamenev…etc. Le parti replonge dans la quasi illégalité mais ne perd pas ses positions bien au contraire (forte poussée à gauche et indignation contre le sort subi par les bolchéviks, scission des socialistes-révolutionnaires). Cependant l’avertissement est cinglant et la leçon rude : le temps des manifestations pacifiques est terminé, la prochaine fois que l’on appellera à la mobilisation des ouvriers et des soldats cela sera pour la prise de pouvoir. Le pouvoir ne peut se transmettre pacifiquement, il se prend par la force des armes.

 

-Le parti bolchévik revient sur le devant de la scène et montre sa force à l’occasion du putsch manqué du général Kornilov. Ce dernier était devenu l’idole de la contre-révolution. Fort du soutien des monarchistes, de la bourgeoisie, des magnats russes, des capitalistes anglo-français il voulait abattre les soviets et les comités, restaurer l’ordre, imposer un pouvoir autoritaire qui seul pourrait continuer la guerre. Le 25 août il lança le 3e corps de cavalerie contre Petrograd pour prendre le pouvoir. Les bolchéviks firent échec au coup d’Etat en mobilisant les ouvriers, syndicats, gardes rouges, troupes de la capitale, marins…etc. Des délégués et des agitateurs furent envoyés auprès des troupes putschistes et parvinrent à les convaincre de rebrousser chemin. Kérenski n’avait dû son salut qu’à l’intervention des bolchéviks, qui désormais devenaient la force principale.

 

A partir de cet instant le pouvoir du gouvernement provisoire s’effondre irrémédiablement. Des centaines de milliers de soldats (n’ayant plus confiance dans leurs chefs après le putsch) désertent et rentrent dans leur campagne. On assiste à la désintégration de l’armée. Le pouvoir perd son principal instrument de répression et de contrôle. Dans les campagnes ces flux de déserteurs amorcent des jacqueries contre l’aristocratie et les grands propriétaires fonciers. Les officiers sont pris à parti par leurs soldats et sont assassinés ou victimes de violences. Le chaos et l’anarchie commence à gagner le pays tout entier.

A Petrograd les bolchéviks poursuivent leur marche en avant vers le pouvoir. Ils s’assurent la majorité au soviet de Petrograd et de Moscou. Le nombre de délégués bolchéviks en province ne cessent de croître, preuve de la popularité grandissante du parti. Pour Lénine le moment était venu, « la majorité du peuple est pour nous ». Le 10 octobre 1917 le comité central adopte la résolution qui décida d’engager prochainement l’insurrection armée. Le 16 Octobre une réunion élargie du comité central et des organisations de Petrograd confirme la décision malgré l’opposition véhémente de Kamenev et Zinoviev. Un comité militaire révolutionnaire est constitué et s’installe (comme le comité central) à l’institut Smolny. Sous l’impulsion décisive de Lénine l’insurrection est lancée dans la nuit du 24-25 Octobre. Les soldats et les ouvriers s’emparent des points stratégiques, des gares, du central téléphonique sans résistance ni effusion de sang. Au matin du 25 la ville est aux mains des Bolchéviks sauf le palais d’Hiver (où siège le gouvernement provisoire) qui ne tombe que la nuit suivante. Pendant ce temps c’était ouvert le IIe congrès panrusse des Soviets où les bolchéviks, alliés aux socialistes-révolutionnaires de gauche, disposaient de la majorité. Le Congrès adopta dans la foulée un décret sur la paix (armistice de 3 mois pour engager les pourparlers de paix + appel aux ouvriers des autres pays pour secourir et imiter l’exemple de la Russie) et sur la terre : La propriété foncière est abolie, pas d’indemnité, toutes les terres de l’Etat et de l’Eglise passent dans les mains des comités agraires et des soviets locaux des députés paysans (reproduction du programme des socialistes-révolutionnaires), l’instauration du contrôle ouvrier. Le congrès valide aussi la liste du nouveau gouvernement, le « Conseil des commissaires du peuple », constitué au départ uniquement de bolchéviks.

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30 octobre 2017 1 30 /10 /octobre /2017 17:08
Le rôle de Staline et de Trotski dans la Révolution d'Octobre

Dieter Klauth, MLPD rédaction spécialisée en histoire du Rote Fahne, N ° de publication A10 pour la «Discussion sur Internet internationale sur l'importance de la révolution du 100 octobre», 28 août 2017

 

L'évaluation du rôle de Staline dans et pour la Révolution d'Octobre est d'une grande importance toujours actuelle pour le mouvement Révolutionnaire international.

 

En raison de son bannissement au cercle polaire depuis 1913, Staline avait été exclu du travail de parti – seulement la Révolution bourgeoise-démocratique de Février 1917 lui apporta la liberté. Contrairement à certaines exagérations qui furent diffusées ultérieurement par son entourage, il constata lui-même en 1926 : « Finalement je me souviens de l'année 1917 lorsque je fus envoyé à Leningrad, par la volonté du parti, après mes séjours dans des prisons et lieux de banissement. Là, dans le cercle des ouvriers russes, dans la proximité immédiate du grand maître des prolétaires de tous les pays, du camarade Lénine, dans la tempête des grandes batailles entre le prolétariat et la bourgeoisie, sous les conditions de la guerre impérialiste, j'ai pour la première fois appris à comprendre ce que signifie être un dirigeant du grand parti de la classe ouvrière. ...Là, en Russie, je suis devenu, sous la direction de Lénine, un maître de la Révolution. » (Stalin, Werke, t. 8, p.155-156 ; TDLR) Au cours de son activité Révolutionnaire, entamée en 1898, Staline mena, outre son rôle d'organisateur inlassable de luttes ouvrières avant 1917, un débat idéologico-politique dans deux domaines qui étaient de la plus haute importance pour le succès ultérieur de la Révolution d'Octobre.

 

La solution de la question paysanne fut le problème principal de la stratégie et tactique révolutionnaires en Russie tsariste. Sur l'exemple de Lénine, dont le premier ouvrage théorique s'occupa du développement de l'agriculture, Staline reprit cette question à temps. Il s'opposait à des idées illusoires du parti des sociaux-révolutionnaires, qui voulaient développer un « socialisme » à partir des villages en distribuant des terres, sans mettre en cause le mode de production capitaliste. Il souligna l'importance des paysans comme alliés principaux contre les idées opportunistes des Menchéviks qui accordaient le rôle dirigeant dans la lutte contre le tsarisme à la bourgeoisie. Sans satisfaire les revendications de terres des paysans par l'expropriation révolutionnaire des grandes propriétés foncières, la réalisation de la Révolution d'Octobre n'aurait pas été possible. Ce faisant, il était évident que la création de millions de fermes individuels ne pouvait, tout d'abord, pas présenter un mode de production socialiste – mais l'agriculture était soumise à la direction politique du prolétariat, à la dictature démocratique des ouvriers et paysans. En 1906, Staline souligna: « Il faut poser chaque question de façon dialectique, c'est-à-dire, nous ne devons jamais oublier que tout change, que tout a son temps et son lieu, et que, en conséquence, nous devons poser les questions aussi en concordance avec les conditions concrètes. Cela est la première condition préalable pour la solution de la question agraire. » (Stalin, Werke, t. 1, p. 204 ; TDLR) Trotski par contre proclama en 1917 de façon unilatérale „À bas le tsar, à nous le gouvernement ouvrier ». Il considérait la dictature du prolétariat être dirigée contre les paysans, ce qui fut rejeté par Lénine et Staline.

 

La deuxième clé pour la réalisation avec succès de la Révolution d'Octobre fut la solution correcte de la question nationale. À cette fin, Staline avait, en 1913, par son ouvrage fondamental « Le marxisme et la question nationale », mené des batailles préliminaires idéologiques importantes pour les Bolchéviks . En mars 1917, il présenta un « plan positif » sur cette base : « La base sociale de l'oppression nationale, du pouvoir qui l'inspire, c'est l'aristocratie provinciale en déclin ... Écarter l'aristocratie féodale de la scène politique, lui arracher le pouvoir – cela signifie justement liquider l'asservissement national et créer les conditions factuelles nécessaires à la liberté nationale. Il s'agit de proclamer donc : 1. l'autonomie politique (pas fédération) des territoires qui forment un territoire économique clos avec un mode de vie particulier et une composition nationale de la population, et où la 'correspondance » et les 'cours' doivent avoir lieu en langue maternelle ; 2. le droit à l’autodétermination pour ces nations qui pour l'une ou l'autre raison ne peuvent pas rester dans le cadre d'un ensemble étatique. » (Stalin, Werke, t. 3, p. 15-18 ; TDLR) Il s'ensuit que Staline devint commissaire (= ministre) aux affaires des nationalités après la Révolution.

 

Dans la stratégie et tactique pour la transition de la révolution bourgeoise-démocratique à la révolution socialiste, les Bolchéviks avaient temporairement fait preuve d'incertitudes au début de 1917 qui furent surmontées, après le retour de Lénine de l'exil, par ses thèses d'avril. Staline constata de façon autocritique : « En tâtant, le parti essaya d'arriver à cette nouvelle orientation. Il suivit une politique de pression par les Soviets sur le Gouvernement Provisoire dans la question de la paix, et ne put pas se décider de faire immédiatement le pas en avant … vers le nouveau mot d'ordre ' Pouvoir des Soviets '... Cette conception erronée, je l'ai partagée à l'époque avec d'autres camarades du parti, et ce fut seulement à la mi-avril que j'ai rompu complètement avec elle, lorsque je me suis associé aux thèses de Lénine. » (Stalin, Werke, t. 6, p. 298 ; TDLR)

 

Lors du congrès de parti suivant en mai, Staline fut réélu au Comité central après cette longue période de bannissement, et travailla dans son bureau politique comme collaborateur le plus proche de Lénine. Lorsque, après l'insurrection échouée de juillet 1917, les Bolchéviks furent de nouveau contraints à la clandestinité et que Lénine dut quitter le pays, il assuma la direction opérative du parti. Le coup militaire de Kornilov en août 1917 aggrava la situation. Dans les mémoires de Stanislav Pestkovski, publiés en 1922, est dit à ce propos : „Dans les jours de l'affaire de Kornilov, je rencontrais souvent Staline dans l'institut Smolny … Là, je constatai que le travail principal pour préparer la Révolution d'Octobre avait été fourni par trois membres du comité central, Staline, Swerdlov et Dzerjinski. Le comité de Petrograd et l'organisation militaire travaillaient sous leur direction. Ce fut Staline à qui avait été confié la direction exclusive du côté politique des préparations. De même, il fut le directeur de l'organe du parti … aucune conférence de parti, aucune réunion organisationnelle de quelconque importance eurent lieu sans que Staline y prît la parole. Par conséquent, les membres actifs du parti le connaissaient très bien. »* Cependant, Staline fut moins connu du public – ce qui résultait dans le fait que des observateur extérieurs comme par exemple John Reed dans son livre « 10 jours qui ébranlèrent le monde » méconnurent le rôle réel de Staline et mirent plutôt Trotsky en lumière. Seulement au 6e Congrès en août 1917, Trotski, sur la proposition de Staline, fut admis au parti. Au même congrès fut rejeté la motion inspirée par Trotski qui disait de prendre les mesures pour la prise de pouvoir seulement après le succès de la révolution en Europe de l'Ouest. Lorsque plus tard Trotski tenta de se présenter comme le véritable dirigeant de la Révolution d'Octobre, Staline constata de façon lapidaire : « Portons-nous maintenant vers la légende quant au rôle particulier de Trotski lors de l'insurrection d’octobre. Les Trotskistes s'affairent à diffuser la rumeur que Trotski aurait été l'inspirateur et le dirigeant unique de l'insurrection d'Octobre … Loin de moi l'idée de vouloir contester le rôle sans doute important de Trotski lors de l'insurrection. Cependant je dois dire que Trotski, lors de l'insurrection d'Octobre, avait en aucun cas joué en rôle particulier ni aurait pu le faire, qu'il a, en tant que président du Soviet de Petrograd, seulement exécuté la volonté des instances données dans le parti qui avaient dirigé chaque pas de Trotski. » (Staline, Werke, t. 6, p. 293 ; TDLR) En réalité, le comité de cinq camarades, qui avait été élu pour la direction imminente de l'insurrection, fut composé de Sverdlov, Dzerjinski, Bubnov, Ouritski et Staline – Trotski reçut de celui-ci ses instructions.

 

Dieter Klauth, MLPD rédaction spécialisée en histoire du Rote Fahne

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