Introduction pour la conférence sur la classe ouvrière
Le 10/04/2014 à Mourenx
Nous avons jugé cette conférence et son thème « les ouvriers : une classe, une force ! » crucial dans l’avancement de l’analyse des militants anticapitalistes. Il est certain que depuis quelques décennies nous apprenons et tentons d’examiner l’ennemi des travailleurs : la bourgeoisie, le patronat, sous son moindre détail, dans toutes ses organisations, aux travers de toutes ses offensives. Seulement il est un point vital que nous oublions, c’est se connaitre soi-même, en tant que classe ouvrière.
Les révolutionnaires avaient fait ce travail au XIXème siècle et dans la première moitié du XXème siècle mais ce travail est tombé en désuétude, il n’y a plus cette analyse. Qui est aujourd’hui la classe ouvrière en France ? Quelle est sa force et son rapport de force ? A-t-elle conscience d’elle-même et plus important : a-t-elle conscience de ses intérêts de classe ?
Ce sont aujourd’hui pour tous les militants anticapitalistes des questions auxquelles il faut répondre, sur lesquelles il faut travailler. Afin de mieux nous connaitre, pour pouvoir acquérir une meilleure vision d’ensemble, etc. Aujourd’hui nous pensons que les organisations (quelles soient politiques, syndicales ou associatives) qui travaillent dans l’intérêt du prolétariat doivent prendre ces questions comme un ordre du jour.
Le Rassemblement Organisé des Communiste Marxiste Léniniste (ROCML), vous a invité, non pas pour vous donner une réponse, mais pour nous permettre de réfléchir à ces questions afin d’avancer ensemble. Que vous soyez militant syndical, politique ou associatif et que vous meniez le combat contre le capital, vous avez toute votre place dans cette assemblée, pour rajouter votre pierre à la réflexion que nous souhaitons commune et large.
Cette réflexion se fait indispensable à une époque où la classe ouvrière a perdu toute son indépendance politique. Les dernières luttes le montrent sans détour, la volonté de neutralité politique, qui fait souvent sombrer le mouvement ouvrier à la remorque de la bourgeoisie (comme la lutte des bonnets rouges), l’acceptation de l’offensive de la bourgeoisie sur les acquis des travailleurs où l’on voit une faible contestation comme sur l’ANI ou autres, ou même parfois bien pire un soutien a la politique réactionnaire de la bourgeoisie par exemple sur la question de l’immigration.
A l’époque où le capitalisme rentre dans une crise sans précédent et s’y enfonce inexorablement, le prolétariat a un besoin vital de retrouver son indépendance politique et de s’attacher à réaliser sa mission historique : débarrasser le globe du capitalisme pourrissant afin d’instaurer le pouvoir révolutionnaire de la classe ouvrière.
Mais voilà, pour se débarrasser du capitalisme nous pensons que les travailleurs doivent se débarrasser de leurs illusions ou des concepts imposés par la propagande du capitalisme car il n’y a jamais eu des morales de maîtres et des morales d’esclaves mais que des morales établies par les maîtres pour les esclaves.
« En tant que classe opprimée, disait Henri Lefebvre, le prolétariat a longtemps accepté les valeurs morales qui lui étaient imposées et l’entretenaient dans son abaissement : résignation, humilité, acceptation passive, etc. En tant que faisant partie de la classe asservie, l’individu prolétarien trouvait dans la morale (bourgeoise) une compensation factice et une récompense illusoire : il était un pauvre méritant, un brave et honnête travailleur, lorsqu’il acceptait sans protestation les limites étroites de son activité ».
Autrement dit, si le prolétaire accepte sa servitude il n’aura besoin que de patience et de résignation, mais, et c’est là l’un des points fondamentaux de ce débat, si le prolétaire devient conscient de sa classe, il aura besoin de courage, du sens des responsabilités, d’enthousiasme. Il devra acquérir des connaissances multiples et considérer la lucidité dans l’action et l’intelligence des situations comme valeurs.
Le marxisme, comme théorie révolutionnaire, n’est pas un humanisme sentimental et pleurnichard, ni ne se penche sur le prolétariat parce qu’il est opprimé et ce n’est pas non plus pour se lamenter sur son oppression. Mais il montre comment et pourquoi le prolétariat peut s’affranchir de l’oppression. Le marxisme ne s’intéresse pas au prolétariat parce qu’il serait faible (ce qui est le cas des gens charitables, des utopistes, des paternalistes, sincères ou non), mais parce qu’il est la seule force capable de remporter la lutte révolutionnaire, non pas parce qu’il est ignorant, mais parce qu’il doit assimiler et enrichir la connaissance, non pas parce qu’il est rejeté dans l’inhumain par la bourgeoisie mais bien parce qu’il est l’avenir de l’homme et rejette comme inhumaine cette vaniteuse bourgeoisie. En un mot le marxisme voit dans le prolétariat son devenir et son possible !
Le prolétariat, débarrassé de la morale bourgeoise, qui acquiert la connaissance révolutionnaire, devient une classe consciente et agissante qu’aucune duperie ou répression ne pourra arrêter, elle acquiert sa morale prolétarienne uniquement par les biais de la lutte de classe contre classe et aux travers de son organisation politique.
Malheureusement aujourd’hui, les ouvriers, sont en grande majorité dans la passivité politique. Se morfondant dans la patience et la résignation. Aujourd’hui les travailleurs n’ont plus conscience de faire partis d’une classe à l’intérêt historique unique : mettre fin au capitalisme et l’instauration d’un pouvoir révolutionnaire de la classe ouvrière.
La classe ouvrière est une force indestructible uniquement quand celle-ci le sait et agit dans ce sens. Si au contraire elle délaisse l’action politique aux monarques autoproclamés de la bourgeoisie, les ouvriers perdront petit à petit les acquis conquis par leurs ainés qu’ils ont souvent chèrement payés. Si elle accepte ce vieux précepte de la société capitaliste, qui scinde la société entre ceux qui travaillent et ne devraient pas réfléchir et ceux qui réfléchissent et donc décident pour tous les autres sans avoir à travailler : alors la classe ouvrière sera emportée par la crise et son lot de misère!
Le ROCML a souhaité créer cette initiative pour approfondir le travail qu’il effectue quotidiennement sur le terrain de la lutte de classe. En espérant que cet échange permette que nous avancions vers les réponses aux questions cruciales qui se posent à la classe ouvrière aujourd’hui.
Première Partie : Situation politique
Depuis son arrivée au pouvoir en 2012, François Hollande a poursuivi dans tous les domaines la politique de Nicolas Sarkozy. Les attaques ont continué à pleuvoir sur le monde du travail. Les conditions de vie des travailleurs se dégradent puisque les réformes ou plutôt les « contre-réformes » du gouvernement enterrent chaque jour un peu plus le pouvoir de consommation des travailleurs.
Cette politique n’est pas un hasard, ce n’est pas non plus le patronat qui prend en otage Hollande. Cette politique est consciente. Mais dans le cadre d’un système économique capitaliste, c’est aussi la seule politique possible étant donné la faible marge de manœuvre dont dispose la bourgeoisie pour gérer ses affaires. En clair, Hollande est comme son prédécesseur l’homme de la bourgeoisie, il défend les intérêts qui lui sont dictés par les grands monopoles, plus particulièrement les grandes entreprises françaises qui sont présentes à l’échelle mondiale et dont dépend toute l’économie.
La crise que nous connaissons aujourd’hui est une crise de surproduction mondiale et généralisée : c’est une crise du système capitaliste dans son ensemble. Les politiques dans le cadre du système sont incapables de le réguler. En effet, les lois de l’économie sont plus puissantes que n’importe quelle politique.
Sous le capitalisme, le but de la production n’est pas de satisfaire les besoins de la société mais de produire pour le profit pour satisfaire le propriétaire des moyens de production, le bourgeois. Le capital ne réalise ce profit qu’en prenant à l’ouvrier du travail non payé (la plus value). Maximiser le taux de profit consiste à réduire le coût de production et pour cela, un des leviers essentiels du capital, c’est réduire le salaire des travailleurs, voila une autre loi du capitalisme. La production n’est pas basée pour répondre aux besoins humains. La limitation des salaires est aussi une autre loi du capitalisme car les entreprises sont en concurrences : pour ne pas faire faillite, elles doivent limiter ou diminuer leurs coûts de production, d’où toute la propagande sur la nécessité de diminuer ce que les bourgeois appellent le coût du travail. Mais pour nous, le salaire n’est pas un coût puisque c’est la classe ouvrière qui produit toute la richesse, les marchandises. Dans tous les cas, les résultats sont là, les crises font partie du capitalisme. Du point de vue de la classe ouvrière, sortir de la crise, c’est s’en prendre au pouvoir du capital.
Les conséquences de la crise sont observables à deux niveaux : International et National
Au niveau international, la crise économique a des conséquences néfastes. Elle aggrave les tensions entre puissances. Chaque puissance cherche à contrôler ou gagner de nouvelles parts de marchés pour trouver des débouchés aux marchandises surproduites. Elles cherchent aussi à produire là où la main d’œuvre est moins chère pour assurer leur compétitivité. Cela aiguise encore les contradictions du système.
D’autre part, les vielles puissances capitalistes comme la France font face à de nouveaux concurrents comme la Chine, la Russie ou l’Inde qui ont besoin des ressources énergétiques comme le pétrole, le gaz pour assurer leur développement.
Ces deux données entrainent des tensions ou des conflits entre puissances. On l’a vu, la France est intervenue militairement à multiples reprises sous couvert des droits de l’homme. Il s’agit de guerres de conquêtes pour maintenir son précarré économique, contrôler les routes commerciales en Afrique, gagner de nouveaux marchés (en Libye avec le pétrole et le BTP), ou en Ukraine actuellement. Ces guerres ont pour but de piller les richesses, écouler les marchandises surproduites ou exploiter davantage les peuples.
La bourgeoisie mène aussi une guerre sociale à l’intérieur de ses frontières contre les masses laborieuses.
Concrètement, la crise se manifeste en France par le licenciement de milliers d’ouvriers qui deviennent inutiles pour leurs profits. PSA en est un exemple. Dans ce secteur automobile, les entreprises sont touchées par la surproduction : trop de voitures ne sont pas achetées et les patrons réduisent la production pour l’optimiser en licenciant par milliers. De l’autre côté, l’Etat sous Sarkozy est venu au secours en proposant la prime à la casse : prime de l’Etat à celui qui met sa voiture à la casse pour en racheter une autre.
L’Etat est au service du capital. Il a un rôle de classe : subventions et interventions militaires pour les uns, (les patrons) envoi des CRS aux autres (les travailleurs), il désigne les travailleurs comme des assistés, des enfants gâtés s’ils refusent les conditions imposées par le patronat.
Le capitalisme ne peut repartir pour un nouveau cycle de croissance qu’en faisant supporter la crise par les travailleurs. Ainsi aujourd’hui nous sommes confrontés à un dilemme, le capitalisme ne peut plus apporter de progrès, et sa crise semble partie pour durer. Ou changement de système, ou barbarie.
Lorsque nous disons barbarie, ce ne sont pas des mots en l’air, pour sauver leurs profits, les capitalistes sont prêts à faire retourner les travailleurs au XIXème siècle quant aux conditions de travail, au degré d’exploitation. Le chômage atteint des proportions chaque mois inégalés (+ de 10 % sans compter le nombre de chômeurs radiés ou non comptabilisés dans les statistiques) et les salaires de ceux qui créent la richesse ne progressent pas. Le pouvoir de consommation des masses diminue et le gouvernement mène une politique systématique de destruction des acquis :
Attaques multiples sur les retraites et les pensions des retraités :
La durée de cotisation portée à 43 ans en 2035, l’âge légal de départ à 62 ans mais il faudra surement travailler plus longtemps. Quant aux pensions, alors que le coût de la vie augmente, elles ne sont pas revalorisées.
Casse du code du travail et Accords Nationaux Interprofessionnels du 11 janvier 2013
Ils facilitent les licenciements, la casse de toute résistance ouvrière, facilite les baisses de salaires, l’emploi de contrats précaires
Cadeaux fiscaux en tout genre au patronat
Le pacte national pour la croissance et l’emploi en octobre 2012 : 20 milliards d’euros d’allègements pour le patronat -> conséquences négatives pour financer la Sécu
Pacte de responsabilité : 30 milliards de plus pour le patronat.
Cadeaux, alors que les services de santé, ou d’éducation du peuple se dégradent : médicaments non remboursés, éducation qui reproduit les inégalités de classe, condition dégradée pour l’éducation des jeunes.
Cette liste de mesures illustre bien le rôle du Parti socialiste au sein du jeu politique français : défendre les intérêts du grand capital comme le faisait l’UMP mais en maintenant l’illusion pour les travailleurs que la réunion des fameux « partenaires sociaux » du « dialogue social » permettrait des acquis pour les travailleurs -> c’est un mythe. Tout le monde peut s’en rendre compte dans la pratique : droite ou gauche c’est la même chose. Et le FN, dans ce jeu de dupe représente lui aussi les intérêts du capital et du patronat Il n’est en aucun point en opposition au système en place mais en plus de cela, il injecte le venin xénophobe et raciste pour diviser la classe ouvrière dans l’intérêt du patronat français le plus chauvin et nationaliste. De notre côté, en revendiquant les mêmes droits pour tous les travailleurs, c’est l’unité et la solidarité dans la lutte qui est assurée. L’objectif de ces trois partis est clair : on s’affronte sur la forme tant que les ouvriers n’ont pas conscience d’être une classe. Mais dès qu’ils prennent conscience qu’ils sont une force, la bourgeoisie et ses partis sont prêts à tout. La preuve avec la répression des mouvements de grève contre les licenciements, la non amnistie pour les 5 de Roanne où tout le monde est d’accord du FN au PS pour réprimer. Aucun par contre ne demanderait que les CRS arrêtent et mettent en prison ces patrons qui licencient, et détruisent des milliers de familles. En bons bouffons de la bourgeoisie, ils savent qui défendre.
Deuxième partie de la conférence : Situation de la classe ouvrière
Il est vrai que ces dernières décennies le patronat, la classe dominante, à la tète des organisations patronales, dictant la marche à suivre à l’Etat et aux gouvernements, etc. attaque sans répit les conditions matérielles et sociales des travailleurs.
L’histoire du capitalisme n’a été qu’une histoire de lutte de classes. Mais hier les ouvriers étaient mieux armés d’organisations syndicales puissantes. Ils étaient conscients d’appartenir à une classe, conscients de la lutte et du rapport de force qui était indispensable pour gagner leurs augmentations de salaire sur la part des profits du capitaliste.
Aujourd’hui, confiants de leur victoire, face à un mouvement ouvrier qui s’est affaibli, les capitalistes détruisent tout ce qui les menace. En premier lieu ils s’attaquent directement à la conscience de ces ouvriers en détruisant le sentiment d’appartenir à une classe ! Ils vont s’attaquer à la mémoire ouvrière, faire oublier aux travailleurs leur histoire, l’histoire de leurs luttes.
Pour cela ils vont créer une myriade d’appellation pour l’ouvrier afin de les diviser dans de multiples branches : l’ouvrier agricole, le manutentionnaire, le précaire, le sous traitant, le collaborateur, etc. L’ouvrier n’est plus, on le fait disparaitre derrière des statistiques qui font naitre une couche moyenne et des catégories socio-professionnelles qui font apparaitre des professions intermédiaires et des employés.
Mais ce n’est pas terminé il ne faut pas simplement lui faire oublier comment il s’appelle et qu’elle est son histoire mais aussi d’haïr les éléments de sa propre classe parce que celui-ci est un immigré ou parce que c’est une ouvrière. Les capitalistes sèment alors la division dans nos propres rangs, parce que la simple idée de notre unité pourrait signifier le glas de leur système.
Le capitalisme nous fait simplement disparaitre, comme il le fait dans le champ médiatique :
Graphe 1
Ils nous font aussi disparaitre de leur champ politique puisque même si plus de la moitié de la population active est composée d’ouvriers et d’employé, aucun député en est issu.
Ces attaques idéologiques et politiques de la classe dominante n’est pas anodine, elles sont menées uniquement dans le but de faire ainsi disparaitre les mouvements ouvriers.
Pourtant, nous existons bel et bien contrairement a tous les dires et statistiques que peuvent fournir INSEE et compagnie. Car même si nous représentons 24% de la population active (hors employés) et que nous étions 37% dans les années 1970 nous sommes toujours 6 millions. Sachant que ces statistiques ne prennent pas en compte les ouvriers agricoles, ni une bonne partie des intérimaires du fait de leur statut précaire. N’oublions pas que lors de la Commune de Paris, quand les ouvriers ont prit le pouvoir sur la capitale ils ne représentaient alors que 5% de la population active…
Ainsi les ouvriers composent encore aujourd’hui la catégorie socioprofessionnelle la plus grande du pays. Mais elle est en même temps la catégorie la plus dominée de toutes, comme nous l’explique Gérard Noiriel : « Les ouvriers restent aujourd’hui les derniers dans la distribution des revenus, ceux qui partent le plus rarement en vacances et les plus mal lotis en termes de capital culturel (19% de leurs enfants sont bacheliers contre 72% des enfants de cadres) ».
Graphe 2
Avant de continuer sur l’analyse de la situation des travailleurs aujourd’hui arrêtons-nous sur les deux mots classe et ouvriers. Une classe est un vaste groupe d’hommes et de femmes qui tiennent une place dans un système de production historique, par leur place dans les rapports de production. Ainsi les ouvriers sont un groupe d’hommes et de femmes, qui dans la production des biens sous le capitalisme jouent un rôle crucial, celui de produire ses biens et ses richesses. L’ouvrier sous le capitalisme est une personne qui n’a de possession que ses bras, sa force de travail, qu’il met à la disposition d’un patron en échange d’un salaire. Le patron achète cette force de travail pour faire fonctionner ses usines, chantiers, etc. afin de retirer des profits de cette activité aux détriments de l’ouvrier. Voilà brièvement le rôle social des classes sous le capitalisme.
Comme nous l’avons dit plus haut, la classe ouvrière objectivement existe toujours, mais les formes d’organisation du travail ont largement évolué depuis les années 80. D’un prolétariat compact travaillant dans de grands centres industriels avec des contrats stables, nous sommes passés à des contrats précaires, des ouvriers mobiles, à la sous-traitance qui éclate les grands centres industriels en une myriade de petites entreprises. Autrement dit le capital a pris les mesures nécessaires pour disperser le mouvement ouvrier, à l’enfermer dans l’incapacité d’agir par des contrats sans aucune protection contre le licenciement (l’intérimaire a des difficultés à faire grève). Pour reprendre Noiriel : « Il ne s’agit pas vraiment de comprendre les souffrances et les difficultés d’existence réelles des « classes laborieuses », mais de trouver des recettes pour qu’elles ne se transforment pas en « classes dangereuses », pour qu’elles ne fassent plus de vagues et se résignent au sort qui est le leur ».
Ainsi le capital tente de disséminer les ouvriers dans de multiples entreprises afin de briser au maximum la conscience et les luttes collectives des travailleurs qui se faisaient auparavant sur la base de grands centres industriels.
Briser structurellement le collectif ouvrier ne suffit pas pour le capital, il faut aussi faire assimiler, dans l’intérêt de la domination bourgeoise, que l’ouvrier, dans son expression politique mais aussi de plus en plus dans sa lutte syndicale, que son mécontentement, ses aspirations ne peuvent passer qu’au travers de l’individu. Ceci est l’une des caractéristiques clé de ces dernières décennies. Politiquement, la classe ouvrière a perdu toute sa base de lutte politique collective.
Si l’ouvrier veut exprimer son mécontentement : il l’exprime aux travers des urnes. Pour autant la contestation portée par le peuple dans les urnes n’a jamais rien donné, l’expérience de ces dernières décennies est là pour nous le montrer, les ouvriers se trouvant alors dans un chaos politique ne votent plus, sont dégoutés par la politique même dont la seule image que l’on en a sont les scandales de corruptions, et les histoires de fesses de ceux qui nous gouvernent.
Dans ce contexte le taux de syndicalisation n’arrête pas de diminuer :
Graphe 3
Les syndicats ont de plus en plus de mal à mobiliser. Les luttes ouvrières en perte de vitesse et sans aucune ligne politique peuvent ainsi se mettre à la remorque de mots d’ordres contraires à leurs intérêts voire même parfois réactionnaires.
Du dégout de la politique bourgeoise la classe ouvrière se retranche dans l’apolitisme, pire ennemi idéologique de la classe ouvrière qui l’empêche de produire toute analyse de la situation, qui les rend aveugle à l’exploitation. Aujourd’hui seules persistent des luttes parcellaires, locales, isolées contre une fermeture d’usine, contre un licenciement. Les luttes nationales ne mobilisent que très peu, peinent à faire l’unité.
Pourtant dans un monde où domine l’exploitation de l’homme par l’homme, le prolétariat doit se préoccuper de politique, d’une politique révolutionnaire qui libérera le peuple de la barbarie du capital.